L’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron

L’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron

La seule certitude pour l’élection présidentielle française de 2017, c’est que Juppé ne serait pas élu ! Il était largement favori un an avant, comme l’était Strauss Kahn en 2011, Royal en 2006, Jospin en 2001 pour ne parler que du XXIe siècle ! En revanche, personne n’a vu venir Emmanuel Macron, parfait inconnu quelques années auparavant. Certains ont qualifié son élection de holp-up, retour sur les faits.

En 2012, dès le début de son quinquennat, Hollande enchaîne les cafouillages et les mauvaises décisions mais dans l’ombre s’agite déjà le « petit Macron » comme on le surnomme à l’Elysée. A 34 ans, il « décroche le poupon » comme le titre Libé en étant promu secrétaire général de Hollande, en récompense pour son engagement lors de la campagne électorale. Ce sont ses débuts officiels en politique bien qu’il ait déjà eu sa carte au PS de 2006 à 2009.

En août 2014, il est propulsé ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. Sa loi travail est imposée à coups de 49.3. Valls – qui l’a pris en grippe car il a bien compris qu’il était en train de se faire piquer sa place de social libéral en chef – l’empêche de présenter sa loi Macron 2 et prend El Khomri comme « homme de paille ».

Macron comprend qu’il n’a pas d’avenir dans ce gouvernement, la cote de popularité de Hollande est proche de zéro, le PS est en faillite et perd toutes les élections intermédiaires, il doit partir pendant qu’il en est encore temps. Le 6 avril 2016, il lance son mouvement En Marche!. Ni gauche, ni droite, un parti à sa main, nommé suivant ses initiales, il entend bien se démarquer des partis pour renouveler le paysage politique. Le 30 août, il démissionne du gouvernement et se lance à la conquête du pouvoir.

Il ne ménage pas son énergie, utilise ses réseaux, fait énormément de communication, expose sa vie privée dans les journaux. Peu de grands noms le suivent, Collomb a une notoriété qui ne dépasse guère la banlieue lyonnaise pour qui ne suit pas la politique de près, Ferrand est un illustre inconnu. Peu à peu, il débauche des personnes peu connues du PS et constitue son équipe.
Toutes ses allocutions sont ponctuées de « en même temps », la gauche le trouve très à droite pour ses idées économiques libérales et la droite le trouve beaucoup trop à gauche pour son laxisme en matière de sécurité et d’immigration clandestine, et son mépris de l’identité française.

Il est moqué dans ses discours pour sa voix haut perchée et son zézaiement et personne ne le prend vraiment au sérieux jusqu’aux révélations du Canard Enchaîné concernant Fillon. Celui qui a gagné haut la main la primaire de la droite est maintenant le favori mais l’emballement médiatique et sa défense pour le moins maladroite auront raison de lui.
La disgrâce de Fillon est un premier pas vers le pouvoir pour Macron. Le deuxième sera le ralliement de Bayrou. Le centriste a des problèmes comparables à ceux de Fillon, même si la presse n’en parle pas (il sera débarqué de son ministère pour cela juste après l’élection) et puis il admet qu’il ne peut pas gagner. C’est le moment où la cote de Macron s’envole, ceux qui le raillaient chantent ses louanges et le rejoignent, ainsi va la politique !

image : By Austrazil [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], from Wikimedia Commons

Le premier tour de l’élection sonne la fin provisoire du bipartisme. Depuis le début de Ve République, c’est la première fois que la France est divisée en quatre avec dans l’ordre : Macron, Le Pen, Fillon et Mélenchon. Le second tour voit sans surprise la victoire de Macron. Les Français décident de lui accorder une chance en lui donnant la majorité absolue à l’Assemblé Nationale.

Il prend dans son équipe des anciens socialistes et trois transfuges de la droite, Edouard Philippe maire du Havre inconnu du grand public comme premier ministre et à Bercy, Darmanin et Lemaire, anciens Sarkozystes.

Macron au pouvoir décide de tout et ses ministres et ses députés exécutent, ce qui épargne aux Français les incessants couacs de l’équipe précédente. Sa cote de popularité reste assez bonne mais il est surnommé le président des riches par la gauche qui trouve qu’il en fait trop pour les entreprises et les classes supérieures. La droite continue de penser qu’il est suicidaire de laisser la délinquance proliférer dans les zones de non droit et de ne pas expulser les clandestins toujours plus nombreux.

Macron est multiculturaliste comme peuvent l’être les Canadiens ou les Britanniques ce qui va à l’encontre de la France laïque. Depuis Mitterrand, l’abandon progressif de l’assimilation a donné naissance au communautarisme alors que la laïcité demandait aux immigrés de s’assimiler et vivre « à la française ». Macron voit les choses différemment, il voit le pays comme une start-up et croit aux « premiers de cordée » (sic), si quelqu’un réussit, il en entraîne d’autres derrière lui. Il pense que si l’économie se redresse, les zones de non droit vont disparaître et la banlieue va rentrer dans le rang.

A l’international, il est pro-européen et voudrait même aller plus loin mais pour l’instant, Angela Merkel a tourné le dos à toutes ses propositions. Logiquement, l’Allemagne qui a chaque année un bilan positif, ne veut pas payer pour les pays qui continuent à creuser leur dette car, si la France est passée en dessous des 3% de déficit, elle continue à s’endetter faute d’économies de l’Etat.

Après un an de pouvoir, il semblerait que les Français attendent patiemment des résultats et laissent sa chance à Macron. Les gesticulations de la gauche pour lever une protestation massive sont un échec cuisant. La droite, elle, toujours déboussolée est absente du débat politique. Macron a donc les mains libres.

Défilement vers le haut